LES ANTILLES
Cela fait déjà quelques mois que nous sommes arrivés aux Antilles, il est temps de vous dévoiler nos premières impressions sur l'autre côté de l'Atlantique.
Ici la vie en générale est très chère, même si notre mode de consommation nous pousse à consommer des fruits et légumes de saison nous sommes choqués des prix pratiqués. On ne comprend pas pourquoi les gens ne cultivent pas plus, la nature est pourtant si généreuse sur certaines îles où tout pousse rapidement grâce au soleil et à l'abondance de l'eau. Les taxes d'entrée sont excessives, nous avons l'impression de nous faire racketter à chaque déclaration d'entrée et sortie de territoire, si vous vous déclarez avant 9h ou après 17h c'est plus cher ("over time"), en trois semaines pour monter de Barbade en Martinique nous avons dû régler pas moins de 200€ de taxes! A présent nous prenons notre temps et nous renseignons des coûts avant de présenter nos passeports. A chaque arrivée au mouillage nous devons décliner l'offre des locaux qui nous saute dessus en barque pour nous proposer une bouée payante.
Nous n'imaginions pas les Antilles aussi dégradés, beaucoup d'habitations sont abandonnées et bien souvent écroulées ou en piteux état. Il semblerait que beaucoup de jeunes partent en métropole pour leurs études et le travail mais conservent ces biens en attendant de revenir pour leur retraite, beaucoup de ces maisons ne sont plus habitées car les personnes sont décédées et que l'indivision se passe mal.
La gestion des déchets est une catastrophe, les habitants brulent souvent eux mêmes leurs poubelles en plein air, les différentes balades que nous faisons témoignent de ce fléau, les bords de route sont souvent transformés en décharges publiques à ciel ouvert. Énormément de carcasses de voitures se confondent avec la végétation...
L'inégalité sociale est aussi flagrante, on passe d'une cabane construite avec 4 planches de bois qui tiennent par miracle à des énormes villas luxueuses avec piscine.
Nous avons fait quelques rencontres mais avons remarqué que les personnes en majorité sur l'eau n'était pas là pour copiner, peu de famille, énormément de bateaux en location ou retraités qui passent la plupart de leur temps au restaurant ou en balade organisée. Payer pour aller voir la nature ce n'est pas pour nous, on préfère marcher et éviter les coins touristiques.
BARBADE du 29 janvier au 2 février:
La paperasse d'entrée et de sortie était un vraie sketch, visite et remplissage de nombreux documents dans 3 bureaux pour l'entrée puis 4 pour la sortie, faut avoir du temps devant soi et ne pas avoir d'enfant (nos nombreux mousses bouillonnent d'énergie et manquent de patience). Dans le bureau où l'on doit s'acquitter de la taxe (50€) nous avons carrément réveillé deux hommes en pleine sieste. Le summum est de loin l'amabilité de la dame de l'immigration, on ne pensait pas qu'être "aussi con" (désolé mais le mot est encore faible) existait...
Une fois en règle nous avons pu profiter de la jolie plage seulement à quelques mètres de Profité: sable blanc, soleil, eau turquoise à température très supportable (27°C)... un petit goût de paradis après la transat!
Nous avons fait plusieurs promenades dans le centre ville, ici la musique est omniprésente, dans les magasins, les rues et les bus. Les bâtiments au style british sont un plaisir pour nos yeux, ça change! Nous avons vu un magnifique baobab de plus de mile ans dans le grand parc. Enfin quel délice ces jus de cocos fraiches et jus passion glacé fait maison, on ne s'en lassera pas!
Au delà de tout ça les prix sont très élevés, le litre de lait est à 3€50, les 12 œufs et l'expresso sont à 4€ pour donner quelques exemples. Il y a très peu de viande fraiche (toujours à des prix d'or), le reste est surgelé et pas bon. Heureusement nous avons fait du stock aux Canaries et mangeons principalement sur nos réserves.
Nous avons plongé deux jours de suite sur des épaves de bateaux à quelques mètres du mouillage et de la plage, c'était formidable! Les enfants ont adoré et le capitaine a même nagé en compagnie d'une tortue pour la première fois. Tout le monde fait de sacrés progrès: nage, apnée et saut.
Nous étions impatient d'atterrir sur un territoire anglophone afin de nous exercer à parler anglais mais ils parlent tellement vite ici, les quelques échanges se sont avérés difficiles, en compréhension et réponse! On reste motivé, l'un des objectifs les plus importants de ce voyage est d'apprendre l'anglais et l'espagnol pour tout l'équipage.
Nous pensions récupérer un peu niveau sommeil mais que ni-ni, le mouillage étant en face de la discothèque, toutes les nuits la fête bat son plein avec la musique à fond. Encore hier soir où nous étions pris entre un bateau pirate transformé en boite de nuit et la discothèque, le capitaine a fini dans le carré avec du papier toilettes en guise de bouchons d'oreilles et un coussin sur la tête...
Départ vers l'île de Carriacou, le soleil nous accompagne, la mer est plate et le spi est en place.
A peine le capitaine avait il fini de dire "il manquerait plus qu'on est une prise" que notre énorme leurre s'est vu embarqué, impossible de freiner le moulinet, la ligne a cassé, ça devait être un sacré beau poisson, Zuttt!!!
Le capitaine a encore du mal à réaliser que nous sommes de l'autre côté, mais oui... On l'a fait! Nous sommes même arrivés à Barbade en même temps que des canadiens sur un catamaran lagoon, ils étaient partis 3 jours avant nous!
Encore merci à notre papi Pierre qui nous a guidé tout au long de cette aventure, une aide précieuse!
CARRIACOU du 4 au 7 février
Nous arrivons sur un mouillage bondé, on nous avait prévenu mais ça fait bizarre de se retrouver pour la première fois aussi nombreux dans une baie. Nous nous rendons à la douane et à l'immigration pour déclarer notre arrivée, c'est tout sauf simple... Nous n'avons pas de monnaie locale pour régler la clearance (une quarantaine d'euros) nous partons donc pour une vingtaine de minutes à pied sous le cagnard à la recherche de l'unique distributeur de la ville et, manque de pot, il est hors service. Un couple d'américains nous expliquent qu'il faut prendre un bus pour se rendre à ville voisine afin de pouvoir retirer des EC (dollars caribéens/monnaie locale), ils comprennent vite notre situation et nous avancent gentiment de quoi payer le bus pour le capitaine, je me sacrifie donc pour rester à la plage avec les enfants.
Ces quelques jours à CARRIACOU s'écoulent tranquillement, je profite d'un super wifi gratuit à côté du bureau des douanes pour avancer sur nos aventures (transat/ Cap Vert), en attendant les enfants vont à la plage, jouent dans la poussière et se font même un copain anglais pendant que je prends ma dose d'internet. Nous nous rendons à la "grande" ville, authentique par sa simplicité, il n'y a vraiment pas grand chose mais que les plages sont belles! Nous nous renseignons des tarifs du chantier car nous devons sortir Profité pour le caréner dans les prochains mois. Le bureau est fermé mais nous rencontrons deux couples sympathiques de retraités français qui nous affirment que les prix pratiqués sont les moins chers des Antilles, ils nous donnent même la fiche détaillée des tarifs.
Nous quittons CARRIACOU après avoir déclaré notre sortie forcément on tombe sur un jour férié = over time donc on paie un supplément, grrrr!!!
SANDY ISLAND du 7 au 8 février
Nous arrivons devant cette petite île paradisiaque, toutes les bouées sont déjà prises donc nous jetons l'ancre. Il nous reste quelques heures avant que le soleil se couche et nous voulons profiter de la jolie plage mais un bateau de contrôleurs sillonne la zone de mouillage, nous ne savons pas si nous devons payer vu qu'on est sur ancre, le capitaine préfère nous déposer en annexe pour être présent à bord lors de leur passage. Lorsque ces derniers arrivent au cul de Profité ils lui annoncent que tout est payant (ancre et bouée), le tarif est de 30 EC pour 24h sauf que nous ne disposons plus que de 23 EC (il nous manque un peu plus que 2€).... scandale! Les menaces fusent:"on va appeler les gardes cotes", l'un des deux gars nous sort carrément:" ici vous êtes des criminels si vous n'avez pas d'argent!". Heureusement de sympathiques voisins américains du mouillage nous donnent les 7 EC ce qui nous permet d'avoir notre reçu et de rester 24h.
Nous oublions vite cette fâcheuse histoire lorsqu'au petit matin nous découvrons des bébés tortues en train de sortir du sable pour rejoindre l'océan. Un spectacle extraordinaire et touchant auquel nous assistons en famille car nous sommes seuls sur cette magnifique plage. Nous aidons celles coincées par les branches à se dégager, elles sont toutes chaudes, si petites et encore si fragiles. C'est une grande joie et fierté d'accompagner cette centaine de bébés jusqu'à leur premier bain...
"Bonne chance petites tortues!".
(Retrouvez le montage vidéo dans la barre d'accueil catégorie "Videos"!)
Sandy Island est une petite île merveilleuse au sable blanc, son eau turquoise est idéale pour le snorkeling et sa végétation permet de s'étendre à l'ombre, il est même possible de se restaurer sur ce charmant ilet loin de tout!
ST VINCENT / UNION / MAYREAU / BEQUIA
du 2 au 16 février
Ce sont à chaque fois de courtes escales mais de bien jolies balades et plages. Ici la basse cour est dans la rue, c'est surprenant au début puis on s'y habitue.
Dans le village de MAYREAU nous découvrons avec plaisir un jardin de particulier avec un aménagement pour la culture hydroponie (culture hors sol), le capitaine discutera un petit moment avec le propriétaire, un homme intelligent et intéressant. Il nous donne des algues séchées à goûter (beurk c'était infecte!) ainsi que quelques herbes aromatiques (le pauvre voulait bien nous donner plus mais ce n'était pas la saison) en échange nous lui offrons des vêtements des enfants trop petits et chargeons les grands parents de lui envoyer de nouvelles semences.
C'est à MAYREAU que notre Poupoune de 6 ans s'est sentie assez confiante pour quitter ses brassards, elle a appris à nager seule notre étoile!
Nous nous sommes prélassés dans la rivière à CUMBERLAND, le mouillage était très joli, quel plaisir de se laver à l'eau douce et de pouvoir laver son linge à l'ancienne. Juste à côté, WALLILABOU nous offrait la joie de nous retrouver dans les décors du film de Pirates des Caraïbes (du moins ce qu'il en reste) et de prendre en photo nos corsaires sous l'arche aux squelettes.
Nous avons adoré l'ambiance Reggae de ces escales, le rythme vraiment tout doux, la générosité des rastamans envers les enfants, leurs dreadlocks, la gentillesse des locaux et ce parfum si particulier de...ganja!
MARTINIQUE
du 17 février au 19 mars
Notre première halte se fait au Marin, il y a un nombre impressionnant de bateaux au mouillage ici, plus encombré c'est impossible! L'eau y est saumâtre, les gens intolérants avec les enfants, si vous ne venez pas pour une escale technique il n'y a rien à faire ici, même pas un parc ou des jeux pour enfants... L'endroit reste néanmoins intéressant pour faire l'avitaillement (ponton leader price), sympa car nous croisons des bateaux copains et sortons les trottinettes des mousses (on commençait à se demander si on n'allait pas les bazarder).
Cette arrivée en Martinique est marquée par nos chaleureuses retrouvailles avec Bruno, le premier voyageur que nous avons rencontré à Hendaye, avec qui nous partageons avec plaisir une soirée au mouillage de Sainte Anne; ainsi que celles de nos amis les Mamarossa aux Petites Anses d'Arlet, quittés début janvier à Mindelo au CAP VERT.
En Martinique nous dégustons nos premiers "Floup" (équivalant de mister freeze), partageons nos baignades avec les tortues (Anse Dufour), visitons nos premières rhumeries (Depaz & Neisson), profitons d'une première cascade (Anse couleuvre), nous assistons aussi à notre premier carnaval des îles et premier festival (Lezard Ti Show au Carbet). La Martinique c'est aussi le retour en France version caraïbe, les grands magasins et le premier grand nettoyage en marina après des mois.
Notre coup de cœur est la ville de Saint Pierre et l'histoire qui l'accompagne, autrefois surnommée « le petit Paris », la capitale commerciale de la Martinique a été rayée de la carte en 90 secondes lors de l’éruption volcanique de la montagne Pelée le 8 mai 1902. Sur une quarantaine de navires à l’ancre dans la baie, seul le Roddan échappe aux nuées ardentes. Dans la ville, 30 000 personnes périrent, 2 survécurent. Le seul que retiendra l’histoire est le prisonnier Cyparis, protégé par son cachot. Plusieurs ruines sont ouvertes au public accompagnées de panneaux explicatifs, nous avons apprécié nous rendre sur ces sites afin de nous imprégner davantage de l'histoire de Saint Pierre.
De MARS à OCTOBRE 2019
Voilà bien trop longtemps que je ne suis pas venue par ici pour vous raconter ce qui se passait sur Profité! Certainement ai je pris le rythme antillais, le goût de vivre au ralenti en remettant à demain ce qui ne me paraissait pas essentiel, préférant avant tout profiter pleinement du bonheur qui s'offrait à nous, tous ces moments de partages avec nos amis, toutes ces découvertes et ces moments simples mais si délicieux.
Je vais prendre plaisir à vous en dévoiler les grandes lignes, cela va me permettre de replonger dans des souvenirs agréables et vous, de découvrir ce que l'on a fait vécu ces quelques mois dans l'arc antillais.
Après nos escales en Martinique nous sommes remontés avec les Mamarossa sur la Dominique. Je n'aurai malheureusement pas beaucoup de photos à vous partager sur cette escale car le téléphone a rendu l'âme suite à une petite course d'annexe version auto tamponneuse. Le portable rangé alors dans ma poche n'a pas du tout aimé la vague qui m'a trempé lors de la collision...voilà pourquoi il faut utiliser des sacs étanches quand on voyage en bateau!
Nous avons bien aimé la Dominique, les gens sont sympas par contre on ressent beaucoup de pauvreté surtout au niveau des habitations. En arrivant au mouillage nous avons eu, comme d'habitude, la visite du "boat boy" avec sa barque qui vous propose ses services. Ici pas de chamailleries les gars se partagent les potentiels clients en quadrillant la baie par zone. Il vous propose de vous emmener jusqu'aux bureaux pour faire vos papiers d'entrée, un forfait pour la balade de l'indian river et sa célèbre cabane qui a servi de décor pour le film Pirate des Caraibes. Si vous nous connaissez bien vous savez que ce genre d'attraction payante ne nous intéresse absolument pas. Nous avons préféré faire notre propre visite de l'île en louant une voiture avec les Mamarossa. Nous y avons découvert nos premières cabosses sur le chemin des "bwa ref falls" et machouillé nos premières cannes à sucre.
Après un mini stop en Gwada (Guadeloupe) pour l'achat du nouveau portable nous voici à Marie Galante. Nous visitons la distillerie de Père Labat, comme c'est agréable de tomber sur un employé passionné! Le mouillage d'anse canot face à la plage est trop joli, les enfants s'y rendent seuls en paddle. Mya fait la brève rencontre de Leîna (une passionnée d'Harry Potter elle aussi) qui repart dans quelques jours en métropole. Un projet initial de grand voyage, comme nous, qui prend fin par un manque cruel de rencontres et du coup, un énorme manque de la famille.
Nous filons comme l'éclair vers Petite Terre, il faut dire que les réservoirs sont vides, les Mamarossa sont étonnés de notre arrivée aussi rapide (ils étaient partis la veille). Petite Terre est une île qui se transforme en paradis pour robinsons dés 17h, après le départ des touristes venus y passer la journée. L'île nous offre alors beauté, calme et sérénité. Nous y découvrons nos premiers iguanes verts et petits requins, des centaines de papillons, gros poissons et énormes langoustes pour les plongeurs. L’excitation d'avoir une île rien qu'à nous le temps d'un barbecue privé avec les Mama est vite retombée lorsque le garde est arrivé pour nous avertir qu'il était interdit d'utiliser les cocos et le bois pour alimenter le feu. L'ambiance s'est heureusement vite radoucie puisque nous avions à bord de quoi les remplacer par du charbon. Finalement l'homme s'est montré très sympathique en revenant pour nous présenter sa femme et en offrant à tous nos enfants des cahiers de jeux en rapport avec Petite Terre.